Aperçu de la grammaire persane
December 1, 2017
1. Les phonèmes du persan
Consonnes
p | t | c | k | |
b | d | j | g | |
f | s1 | š | x | h2 |
v | z3 | ž | q4 | ʕ |
m | n | |||
w | y |
1 Sont aussi prononcés s
les deux phonèmes arabes notés ṣ
et ṡ
.
2 Est aussi prononcé h
le phonème arabe noté ḥ
.
3 Sont aussi prononcés z
les trois phonèmes arabes notés ż
, ẓ
et ẕ
.
4 Est aussi prononcé /q/ le phonème arabe (et persan ancien) noté
ġ
(sonore correspondant à la sourde notée x
).
Voyelles
i | u |
e | o |
a | ā |
Diphtongues
ey
, ow
2. Cas, genre et structure de la phrase
Il n’y a pas de cas en persan.
Il n’y a pas de genre en persan.
L’ordre des mots est le suivant : sujet + prédicat + verbe :
Ḥasan ḥāẓer ast
<Hasan prêt est> « Hasan est prêt ».
L’interrogation n’est indiquée que par le ton ; on peut trouver āyā
« est-ce que » en tête de phrase, ou encore, si l’on attend une
réponse dans le sens opposé à la question, magar
.
3. Absence d’article et nombre
Il n’y a pas d’article défini ni indéfini en persan.
L’indéfinition est indiquée par un suffixe -i
ajouté au mot ou au
groupe de mots :
ketāb
« (le) livre » ;ketābi
« un livre » ;ketāb-o qalam
« un livre et un stylo ».
yek
« un » (numéral) peut être employé devant le nom à la place du
suffixe -i
ou en en plus de lui :
yek afsāne / yek afsāneʔi / afsāneʔi
« une histoire ».
La marque habituelle du pluriel est -hā
; pour les êtres rationnels,
surtout en classique, on peut trouver un pluriel en -ān
:
ketābhā
« des / les livres » ;zanān
ouzanhā
« des / les femmes ».
À la 3e personne, le verbe ne passe au pluriel que si son sujet est un être rationnel au pluriel.
Les adjectifs épithètes et attributs ainsi que les adjectifs démonstratifs ne prennent pas la marque du pluriel ; les adjectifs substantivés et les pronoms démonstratifs la prennent :
ān ketābhā
« ces livres » ;ānhā
« ceux-là ».
ān ketābhā xub ast
« ces livres sont bons » ;xubhā
« les bons ».
Les mots d’origine arabe peuvent aussi avoir leur pluriel arabe :
ketābhā = kotob
« les livres ».
4. Adjectifs et eẓāfe ; expression de la possession
Les adjectifs peuvent être renforcés par un adverbe, xeyli
ou besyār
:
ān ketāb besyār xub ast
<ce livre très bon est> « ce livre est très bon ».
Le complément de nom et l’épithète sont reliés au nom par un -e
qui se
suffixe à lui et qu’on appelle eẓāfe
; le nom apposé est aussi relié
par eẓāfe
au nom auquel il est apposé :
ketāb-e bacce
« le livre de l’enfant » ;
zan-e avān
« la jeune femme » ;
Ḥoseyn-e naqqāš
« Husain le peintre » ;
xānom-e Farhād
« Madame Farhad ».
Tournures particulières avec eẓāfe :
pir-e mard
<vieux /eẓāfe/ homme> « le vieil homme » ;
pir-e zan
<vieux /eẓāfe/ femme> « la vieille femme ».
Le suffixe d’indéfini -i
s’ajoute à la fin du groupe à eẓāfe. S’il
s’ajoute au nom, on n’emploie pas d’eẓāfe :
manzel-e bozorgi = manzeli bozorg
« une grande maison ».
La possession peut s’exprimer à l’aide de māl
« propriété » + eẓāfe ou
de az ān
litt. « de celui, de celle » :
ān ketāb māl-e Ḥasan ast
« ce livre est à Hasan » ;
ān ketāb māl-e man ast
<ce livre propriété /eẓāfe/ moi> « ce livre est le mien » ;
ān ketāb az ān-e Ḥasan ast
<ce livre de celui de Ḥasan est> « ce livre est à Ḥasan ».
Le comparatif est en -tar
et son complément introduit par az
(« de », = from) :
Ḥasan az Simā bozorgtar ast
« Hasan est plus grand que Sima » ;
Le superlatif est en -tarin
et son complément lié à l’adjectif par
eẓāfe :
bozorgtarin-e baccehā
« le plus grand des enfants ».
5. Évitement du hiatus
Un -y-
s’intercale entre les mots en -ā
, en -u
et en -i
et les
suffixes commençant par -a
ou -ā
. Il n’est pas notée par l’alphabet
arabe après les mots en -i
, mais se prononce :
āqā-y-ān
« les messieurs » ;
soxango-y-ān
« les porte-parole » ;
širāzi-y-ān
« les Shirazis ».
Les noms en -e
qui désignent des êtres rationnels ajoutent un -g-
avant le suffixe de pluriel -ān
:
baccegān
« les enfants ».
Devant un suffixe commençant par i
comme le suffixe d’indéfini, les
mots en -ā
et -u
intercalent un hamza noté ʔ dans la transcription :
āqāʔi
« un monsieur » ;
bānāʔi
« une dame ».
Après les mots en -i
, le suffixe d’indéfini n’est ni écrit ni
prononcé, sauf parfois en poésie, metri gratia
ṣandali
« la chaise ; une chaise ».
Après les mots en -e
, le suffixe d’indéfini est noté par un hamza
au-dessus du -e
(هٔ
) ou par un i
(یا
) écrit comme un mot
séparé. Dans notre transcription, il est noté ainsi :
bacceʔi
« un enfant ».
Après les mots en -ā
, -e
, -u
et e
, l’eẓāfe devient -ye
, mais
ce -ye
n’est pas noté après les mots en -i
, et il est noté par un
hamza suscrit pour les mots en -e
(هٔ) :
ketābhā-ye xub
« les bons livres ».
Les mots en -ey
et -ow
résolvent leur diphtongue en -ay
et -av
devant les suffixes à initiale vocalique et eẓāfe :
peyrow
« le disciple » ;peyravi
« un disciple » ;peyrav-e Ḥasan
« le disciple de Hasan ».
Quand la préposition be-
« à, avec… » est suivie du démonstratif, ān
ou in
, un -d-
s’intercale :
be-d-ān
« à celui-là »,be-d-in
« à celui-ci ».
6. Pronoms personnels et suffixes personnels enclitiques
Pronoms personnels
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1re personne | man |
mā |
2e personne | to |
šomā |
3e personne | u (animés) ; ān (inanimés) |
išān (animés) ; ānhā (inanimés) |
Noter : to + ast → tost ; u + ast → ust
in ketāb-e tost
<ce livre de toi est> « c’est ton livre ».
hame ust
« tout est Lui » (ou « Il est tout ») [formule soufie].
Suffixes personnels enclitiques
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1re personne | -am |
-emān |
2e personne | -at |
-etān |
3e personne | -aš |
-ešān |
Quand le mot auquel se joint un suffixe personnel enclitique se termine
en voyelle, les règles évoquées ci-dessus en 5 s’appliquent. Mais si le
mot se termine en -e
, le suffixe s’écrit comme un mot séparé
commençant par a-
:
bacce-at
« ton enfant ».
āvāz-e soxanguyešān
« la voix de leur porte-parole »
Quand le suffixe porte sur deux mots coordonnés ou sur un groupe de mots (à eẓāfe notamment), il se suffixe au dernier mot :
padar-o mādarat
« tes père et mère » ;
pesar-e bozorgaš
« son fils aîné ».
En parlé et en poétique, un suffixe personnel enclitique peut être COD ou COI d’un verbe ou d’une locution verbale (voir § 22 et 23).
7. Pronoms réfléchis
Le pronom réfléchi pour toutes les personnes est xwod
.
xwod
peut être renforcé par suffixe personnel enclitique ou par le
pronom personnel indépendant précédé par eẓāfe :
in manzel māl-e xwod-e man ast
« cette maison est la mienne »
xwodaš ḥāẓer ast
« il est lui-même présent ».
xwod
peut être lié au nom suivant par eẓāfe :
xwod-e b
arādarānam
« mes frères eux-mêmes ».
8. Les démonstratifs
Adjectifs | Pronoms | ||
---|---|---|---|
Singulier | Pluriel | ||
Proches | in |
in |
inhā |
Éloignés | ān |
ān |
ānhā (ānān) |
Sur l’évitement de l’hiatus après be-
, voir § 5.
Sur les démonstratifs sont faits les mots suivants :
injā
« ici »,ānjā
« là » (jā
« lieu »),hamin / hamān
« le même » (ham
« même »),conin / conān
« tel » (cun
« comme »).
9. Les interrogatifs et les exclamatifs
Animés | Inanimés | |
---|---|---|
Pronoms | ki, ke « qui » |
ce « quoi, qu’est-ce qui » |
Adjectifs | kodām « quel » |
ce, kodām « quel » |
ce + ast → cist
« qu’est-ce ? » ; ki
ou ke + ast → kist
« qui
est-ce ? ».
Le nom déterminé par ce
peut prendre le -i
d’indéfini :
ce ketāb(i)
« quel livre ?, quel livre ! »
Sont composés sur ce
:
ce gune
« de quelle sorte (? ou !) ; comment, comme » ;ce ṯowr
« comment, comme ».
10. Pronoms et adjectifs numéraux, de quantité et indéfinis
Ils précèdent le nom qu’ils déterminent, et celui-ci est toujours au singulier :
har
« chaque » ;har kas
« chacun » ;harce
« quelque » (☞harce
+ comparatif → le plus … possible :harce zudtar
« le plus tôt possible ») ;hame
« tout »
hamejā
« partout »
hamejā-ye Irān
« partout en Iran »
cand
« quelques ; combien » (le nom déterminé peut avoir le-i
d’indéfini avec les adjectifs de quantité) :
cand ketāb(i)
« quelques livres ; combien de livres (noter le singulierketāb
) » ;
candān
« tant de » ;ce-qadr
« quelle quantité de » ;xeyli, besyār, ziād
« beaucoup (de), de nombreux » :
besyār bacce
« beaucoup d’enfants » (noter le singulier) ;
in qadr, ān qadr
« tant de » :
ān qadr cāy
« tant de thé » ;
yek kami
« un peu (de) » ;yek qadri
« une (certaine) quantité (de) » ;hame jur
« toutes sortes de » :hame jur maġāze
« toutes sortes de magasins » (noter le singulier) ;hic ... na
« aucun » :
hic nān nist
« il n’y a pas de pain » ;
hic nist
« il n’y a personne » ;
digar
« autre » :
pesar-e digar(i)
« un autre garçon » ;
digari, yeki digar
« un autre, quelqu’un d’autre » ;
kasi digar
« quelqu’un d’autre » ;
yek-digar
« l’un l’autre ».
Les adjectifs numéraux cardinaux de base sont les suvants :
yek | 1 | yāzde | 11 | dah | 10 | (yek) ṣad | 100 |
do | 2 | davāzdah | 12 | bist | 20 | davist | 200 |
se | 3 | sizdah | 13 | si | 30 | siṣad | 300 |
cahār | 4 | cahārdah | 14 | cehel | 40 | cahārṣad | 400 |
panj | 5 | pānzdah | 15 | panjāh | 50 | pānṣad | 500 |
šeš | 6 | šānzdah | 16 | šaṣt | 60 | šešṣad | 600 |
haft | 7 | hefdah | 17 | haftād | 70 | haftṣad | 700 |
hašt | 8 | hijdah | 18 | haštād | 80 | haštṣad | 800 |
noh | 9 | nuzdah | 19 | navad | 90 | nuhṣad | 900 |
(yek) hazār | 1000 | ||||||
korur | 500000 | ||||||
milyun | 1000000 |
Les parties des cardinaux composés sont liées entre elles par o
, les
plus élevées venant en premier :
bist-o yek
« 21 » ;
si-o haft hazār-o davist-o haštād-o hašt
« 37.288 ».
Conformément à la règle énoncée plus haut, les adjectifs numéraux cadinaux sont suivis de noms au singulier :
se mard
« trois hommes » ;
dah ketāb
« dix livres ».
Les nombres ronds peuvent être utilisés au pluriel, toujours suivis d’un nom au singulier, pour indiquer des centaines de, des milliers de :
ṣadhā ketāb
« des centaines de livres » ;
hazārān bacce
« des milliers d’enfants ».
Les adjectifs numéraux sont souvent suivis d’un numérateur intraduisible
en français, notamment tā
pour les inanimés et nafar
pour les
humains :
se tā ketāb
« trois livres » ;
se nafar mohassel
« trois étudiants ».
La même construction est utilisée pour indiquer quantités, poids, taille, etc.
cahār kilu seb
« quatre kilos de pommes » ;
do livān āb
« deux verres d’eau » (maisdo livān-e āb
« deux verres à eau ») ;
yek dast lebās
« un ensemble » (d’habits ; litt. « une main de vêtements) ;
se oft kafaš
« trois paires de chaussures » ;
šeš nowʕ mive
« six sortes de fruits ».
Le français « on » est souvent exprimé par la 3e personne du pluriel du verbe.
11. Prépositions et locutions prépositionnelles
Il y a dix vraies prépositions en persan, qui gouvernent le nom sans l’intermédiaire d’un eẓāfe ou d’une autre préposition :
az (aussi ze en classique) « de » ; |
bā « avec » ; |
bar « sur » ; |
be « à » (aussi : « avec » en classique) ; |
bi « sans » ; |
tā « usqu’à » ; |
joz « excepté » ; |
cun « comme » ; |
dar « dans » ; |
magar « excepté » (plus rare que oz). |
be
est d’un emploi très fréquent et peut avoir des sens très divers. Quand elle précède les démonstratifs in
et ān
, un -d-
de liaison est généralement inséré : badin, badān
(voir § 5).
Il existe beaucoup d’expressions prépositionnelles en persan, formées d’un nom ou d’un adverbe employés seuls ou avec une préposition et reliés au nom par eẓāfe :
ru « visage » ; |
→ ru-ye miz « sur la table » ; |
jā « place » ; |
→ jā-ye man « à ma place » ; |
zir « dessous » ; |
→ zir-e miz « sous la table » ; |
dar miān « au milieu » ; |
→ dar miān-e in do manzel « entre ces deux maisons » ; |
Un groupe prépositionnel peut-être utilisé comme complément de nom :
manzel-e bi bāġ
« une maison sans jardin ».
12. L’infinitif
L’infinitif est en -tan
ou -dan
:
raftan
« aller » ;āmadan
« venir ».
Il se comporte strictement comme un nom verbal :
āmadan-e Ḥasan
« la venue de Ḥasan » ;
āb-e xwordan
<eau de boire> « de l’eau potable » ;
baʕd az raftan-e Reẓā
<après de partir de Reza> « après le départ de Reza ».
13. La racine du passé
C’est l’infinitif moins -an
:
raft
= racine du passé deraftan
« aller » ;āmad
= racine du passé deāmadan
« venir ».
Elle équivaut à 3e sg du parfait :
raft
« il partit » ;āmad
« il vint.
Elle s’emploie nue après des verbes impersonnels signifiant « il faut », « il est possible de » :
bāyad raft
« il faut partir » ;
mitavān raft = momkin ast raft
« il est possible de partir ».
Elle sert à former le futur : elle suit alors l’auxiliaire xwāstan
(voir plus bas). Elle sert aussi à former, outre le prétérit,
l’imparfait de l’indicatif et du subjonctif.
14. La racine du présent
Elle est souvent « irrégulière ». Quand elle ne l’est pas, elle peut être déduite de la racine du passé :
- les racines du passé en
-id
perdent cette syllabe :xaridan / xar-
« acheter » ;
- les racines du passé en
-nd
et-rd
perdent le-d
final :māndan / mān-
« rester »āvardan / āvar-
« apporter » ;
- les racines du passé en
-ud
perdent le-d
et changent le-u
- en-ā
:nemudan / nemā-
« montrer » ;
- les racines du passé en
-ft
et-št
perdent le-t
:koštan / koš-
« tuer » ;
- les racines du présent en
-est, -eft, -oft
et-ād
perdent cette syllabe :dānestan / dān-
« savoir » ;oftādan / oft-
« tomber ».
Elle sert à former le présent de l’indicatif et celui du subjonctif.
Elle sert à former :
- le participe présent, par adjonction du suffixe
-ande
, qui s’emploie comme adjectif ou nom d’agent (pluriel en-egān
) :šekanande
« cassant » (šekastan / šekan-
« casser ») ;āyande
«futur, prochain » ;šenavande
, plur.šenavandegān
« auditeur(s) »
- le gérondif présent, par adjonction de
-ān
à la racine du présent :konān
« en faisant ».
15. Les désinences personnelles
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1re personne | -am |
-im |
2e personne | -i |
-id |
3e personne | -ad (seulement à l’imperfectif) |
-and |
Après les racines terminées en voyelle, pour éviter l’hiatus :
- un
-y-
s’insère avant les désinences commençant para-
; - un hamza (noté ʔ) s’insère avant les désinences commençant par
-i
(voir exemples au § 18).
16. Les préfixes de conjugaison
mi-
indique l’imperfectif (continuité, répétition, etc.) ; c’est le
préfixe du présent et de l’imparfait de l’indicatif. En classique, il
peut avoir la forme hami
.
be-
indique un élément de doute, de subjectivité (c’est le préfixe du
subjonctif) ; en classique, il indique une action ponctuelle, par
opposition à (ha)mi
.
na-
est la négation verbale ; après na-
, le préfixe mi-
est
conservé, mais le préfixe be-
tombe (voir plus bas) :
na-raft
« il n’alla pas ».
Devant les racines commençant en voyelle, pour éviter l’hiatus :
- si la racine commence par une voyelle autre que
i-
, un-y-
s’insère aprèsna
;be-
devientbi-
; - avant les racines commençant par
-i
, un alef initial (noté ʔ dans la transcription) se lie au préverbe (voir exemples au § 18).
17. Les temps formés sur la racine du passé
Exemple xaridan
« acheter »
Prétérit | Imparfait | |
---|---|---|
1re personne du singulier | xaridam |
mixaridam |
2e personne du singulier | xaridi |
mixaridi |
3e personne du singulier | xarid |
mixarid |
1re personne du pluriel | xaridim |
mixaridim |
2e personne du pluriel | xaridid |
mixaridid |
3e personne du pluriel | xaridand |
mixaridand |
Négation : naxaridam
« je n’achetai pas » ; na-mi-xaridam
« je
n’achetais pas » (prononcé nemi°
).
18. Les temps formés sur la racine du présent
Indicatif présent | Subjonctif présent | Impératif | |
---|---|---|---|
1re personne du singulier | mixaram |
bexaram |
bexaram |
2e personne du singulier | mixari |
bexari |
bexar |
3e personne du singulier | mixarad |
bexarad |
bexarad |
1re personne du pluriel | mixarim |
bexarim |
bexarim |
2e personne du pluriel | mixarid |
bexarid |
bexarid |
3e personne du pluriel | mixarand |
bexarand |
bexarand |
L’indicatif présent, comme en français (« je pars demain »), peut exprimer le futur.
La négation na
précède mi-
à l’indicatif présent et remplace be-
au subjonctif et à l’impératif :
na-mi-xaram
« je n’achète pas » (prononcé /nemi°
) ;
naxaram
« que je n’achète pas » ;naxar
« n’achète pas ! »
Euphonie (voir § 15) :
goftan / gu-
« parler » :na-mi-guyam
« je ne parle pas » ;mi-guʔi
« tu parles » ;āvardan / āvar-
« apporter » :biāvar
« apporte ! » ;istādan
« se tenir debout » :beʔist
« tiens-toi debout ! ».
Particularités de dāštan « avoir »
Les préfixes mi-
et be-
ne sont jamais utilisés avec dāštan
(racine du présent dār-
) « avoir ». Toutefois, quand ce verbe est l’élément verbal d’une locution verbale, il peut prendre le préfixe mi-
:
nān dāram
« j’ai du pain » ;
šahr rā nešān mi-dāram
« je montre la ville » (nešān dāštan
« montrer »).
19. Le participe passé
Le participe passé se forme en ajoutant -e
à la racine du passé :
raftan
« aller » →rafte
.
Le participe passé est le seul participe utilisé dans la conjugaison en persan.
Il peut avoir valeur d’adjectif ou même de nom :
panjare-ye šekaste
« la fenêtre cassée » (šekastan « casser ») ;
guftehā-ye ʕAli
« les dits de ʕAli » (goftan
« dire »).
Il peut être utilisé avec valeur d’absolutif, et son groupe peut alors
être relié à celui du verbe principal par va / -o
« et » :
diruz be-šahr rafte (va) ketābhā xaridam
<hier à ville allé (et) livres achetai> « hier, étant allé en ville, j’achetai des livres » = « hier, j’allai acheter de livres en ville ».
S’agissant de šode
« ayant été », il peut être omis :
vāred-e oṯāq (šode) va ṣedā zad
<à l’intérieur de la chambre (ayant été) et appel frappa> « étant entré dans la chambre, il appela » = « il entra dans la chambre et se mit à appeler ».
20. Les auxiliaires
Quatre auxiliaires sont utilisés pour la conjugaison :
budan / bāš-
« être », qui sert à former le plus-que-parfait et subjonctif parfait. Avecbudan
, le préfixebe-
n’est jamais utilisé, le préfixemi-
presquejamais ;xwāstan / xwāh-
« vouloir », qui sert à former le futur ;šodan / šav-
« devenir », qui sert à former le passif.šudan
ne prend jamais le suffixebe-
.- une forme conjuguée inaccentuée, autonome ou suffixée, du verbe
« être », qui sert à former le parfait, à laquelle correspond une
forme accentuée, exclusivement autonome et emphatique. Le sens est
« être, exister », sans l’élément de doute ou de futur intrinsèque
à
budan
.
Forme inaccentuée | Forme accentuée | |
---|---|---|
1re personne du singulier | am |
hastam |
2e personne du singulier | i |
hasti |
3e personne du singulier | ast |
hast |
1re personne du pluriel | im |
hastim |
2e personne du pluriel | id |
hastid |
3e personne du pluriel | and |
hastand |
Après un mot terminé par une voyelle, le a-
de ast
est généralement
élidé :
Ḥasan injāst
« Ḥasan est ici ».
21. Les temps composés
Parfait= participe passé + am, i
, etc. :
xaride am
« j’ai acheté ».
Le préfixe mi-
est parfois utilisé pour indiquer l’habitude :
mi-xaride and
« ils achetaient habituellement ».
Plus-que-parfait = participe passé + budan
au passé simple :
xaride budam
« j’avais acheté ».
Subjonctif passé = participe passé + budan
au subjonctif présent :
xaride bāšam
« que j’achetasse », « j’aurais acheté ».
Futur simple de l’indicatif = xwāstan
au présent sans mi-
+
racine du passé ( = forme brève de l’infinitif) : xwāhim xarid
« nous
achèterons ».
Passif = participe passé + šodan
conjugué au temps voulu (rappel : šodan
ne prend jamais le préfixe be-
) :
xaride mi-šavad
« il est acheté » ;
xaride šode ast
« il a été acheté » ;
xaride šavad
« qu’il soit acheté ».
22. La marque de l’objet direct défini
Le complément d’ob et direct (COD) défini est marqué par la postposition rā
:
ketāb rā mi-xaram
« j’achète le livre ».
Quand le COD est indéfini, il prend -i
ou rien, et n’est jamais suivi
de rā
:
ketāb(i) xarid
« il acheta un livre ».
Avec la postposition rā
, le pronom personnel man
devient marā
, et
le pronom personnel to
devient torā
.
marā did
« il me vit » (didan
« voir »).
En parlé et en poétique, le pronom personnel COD peut prendre la forme d’un suffixe pronominal :
didam-aš
« je le vis ».
Le suffixe pronominal peut être attaché à un autre mot que le verbe :
be-xāk-aš sepordand
<à-terre-lui confièrent> « ils l’enterrèrent ».
L’adjectif possessif du COD renvoyant au sujet est toujours xwod
:
ketāb-e xwod rā xwānd
« il lut son (propre) livre » ;
ketāb-e u rā xwānd
« il lut son livre (celui d’un(e) autre) ».
23. Locutions verbales
Les locutions verbales sont très nombreuses et très fréquemment utilisées en persan. Elles sont formées d’un verbe précédé d’une préposition, d’un adverbe, d’un adjectif ou d’un nom.
- Préposition + verbe :
bar gaštan
« retourner » (sur + tourner).
- Adverbe + verbe :
pas dādan
« redonner » (après + donner)
- Adjectif + verbe :
boland kardan
« dresser, élever » (haut + faire).
- Nom + verbe :
ḥarf zadan
« parler » (mot + frapper).
Le préfixe be-
est généralement omis dans les locutions verbales.
La locution verbale fonctionne habituellement comme un verbe et peut
donc avoir un COD défini marqué par rā
:
kamar-band-e xwod rā tang kard
<ceinture de soirā
étroit fit> « il serra sa ceinture ».
Parfois un suffixe personnel enclitique est attaché à l’élément non verbal comme COD ou complément d’objet indirect (COI) :
tang-aš kard
« il la serra » ;
yād-at kard
<mémoire toi fit> « il t’enseigna ».
Au lieu d’un COD ou d’un COI, on trouve parfois un complément de l’adjectif ou du nom de la locution verbale relié à ce nom ou à cet adjectif par eẓāfe ou par une préposition :
ejāze-ye raftan dād
<permission de partir donna> « il donna la permission de partir » ;yād-e vaṯan-e ʕaziz-e xwod rā kard
<mémoire de pays eẓāfe cher de luirā
faisait> « il se souvenait de son cher pays ».
24. Conjonctions de coordination
Principales conjonctions :
-
-o
(enclitique) =va
« et » ; -
vali
« mais » ; -
yā
« ou » ; -
yā... yā
« ou… ou » ; -
balke
« ou plutôt » ; -
ham... ham
« tout à la fois… et ».
Omission de la conjonction :
raftam ketābhā xaridam
<allai livres achetai> « j’allai acheter des livres ».
25. Propositions subordonnées sans conjonction de subordination
Quand une action dépend d’une autre qui indique ou implique un ordre, un souhait, une crainte, une intention, la subordonnée qui l’exprime est juxtaposée à la principale et son verbe est au subjonctif :
be-šahr mi-ravam ketābhā be-xaram
<à-ville vais livre que- j’achète> « je vais en ville acheter des livres ».
Les impersonnels bāyad
« il faut », bāyist
« il fallait », mumkin
ast / bud = mi-tavān / mitavānist
« il est / était possible », kāfi
ast / bud
« il suffit / suffisait », qarār mi-šavad / šod
« il est /
était entendu que », etc. sont directement suivi d’une subordonnée au
subjonctif :
bāyad be-šahr be-ravam
« il faut que ’aille en ville ».
En mettant le verbe de la subordonnée à l’imparfait, on indique une action qui aurait pu, dû, etc. avoir lieu. kāš
« si seulement » est aussi souvent suivi de l’imparfait avec un sens de regret :
bāyad be-šahr mi-raftam
« il aurait fallu que j’aille en ville » ;
kāš be-šahr mi-raftam
« si seulement j’étais allé en ville ».
Si la subordonnée n’a pas de sujet, son verbe est la racine du passé nue :
bāyad be-šahr raft
« il faut aller en ville ».
Dans toutes les subordonnées, avec ou sans mot subordonnant, le verbe est au présent si la subordonnée exprime une action postérieure à celle de la principale :
be-šahr raftam ke ketābhā be-xaram
« j’allai en ville acheter des livres ».
☞ Une construction idiomatique fondée sur la juxtaposition permet
d’exprimer le présent et le passé progressifs. Elle consiste à
employer le verbe dāštan
« avoir » au temps et à la personne voulus
devant la proposition exprimant l’action :
dāram ketābhā mi-xaram
« je suis en train d’acheter des livres » ;
dāštam ketābhā mi-xaridam
« j’étais en train d’acheter des livres ».
26. La conjonction ke
À l’exception de celles qui consistent en verbe impersonnel + racine du
passé, toutes les tournures évoquées en 25 sont susceptibles d’avoir leur subordonnée introduite par ke
« que »
be-šahr mi-ravam ke ketābhā be-xaram
« je vais en ville acheter des livres »
Les subordonnées complétives et de discours indirect dépendant de verbes
signifiant savoir, dire, demander, s’étonner, etc., sont introduites par ke
. Au discours indirect, les subordonnées ont généralement la forme
qu’elles auraient au discours direct :
āyā mi-dānid ke in ṣaḥiḥ ast yā na
« est-ce que vous savez si c’est vrai ou non ? » ;
goft ke be-šahr mi-ravam
<dit que à-ville vais> « il dit qu’il allait en ville » ;
porsid ke ce ṯaur be-bāzār be-ravam
« il demanda comment aller au bazar » ;
taʕajjub mi-konam ke Ḥasan miyāyad
« je m’étonne que Ḥasan soit venu » ;
Ḥasan āmad ke Simā injāst
« Hasan vint [dire] que Sima était là ».
ke
peut aussi introduire d’autres types de subordonnées, dont le verbe
est au subjonctif s’il y a un élément de doute, de futur, etc.
Temps :
be-šahr mi-ravam ke ketābhā be-xaram
« je vais en ville acheter des livres »
Lieu :
dar Eṣfahān ast ke u rā didam
« c’est à Isfahan que je le vis ».
Conséquence :
conān tambal bud ke u rā exrāj kardand
« il était si paresseux qu’on le renvoya ».
ke
joue souvent le même rôle que la locution prépositionnelle
française « à savoir que », liant une subordonnée à un pronom
démonstratif (« ceci à savoir que ») ou à un groupe nominal (« cette
raison à savoir que », etc.) :
u rā bedin sabab exrāj kardand ke tambal bud
« on le renvoya pour cette raison qu’il était paresseux » = « on le renvoya parce qu’il était paresseux » ;
meṡl-e in bud ke injā hargez nayāmad
« c’était comme s’il n’étaitjamais venu ici ».
ke
sert à former de nombreuses locutions prépositionnelles.
Temps :
vaqti-ke
« quand », etc.
Lieu :
jā’i-ke
« où », etc.
Cause :
az ānjā’i-ke
« parce que ».
Concession :
bāvojudi-ke
: bien que.
Comparaison :
hamān-ṯowri-ke
« exactement comme ».
Conséquence :
be-ṯowri-ke
« si bien que » (+ subjonctif).
Certaines locutions prépositionnelles sont formées avec in
ou ān
:
piš az ān ke
<avant ceci à savoir que> « avant que » ;barā-ye in ke
<pour ceci à savoir que> « pour que ».
27. Les relatives
Elles sont beaucoup plus variées qu’en français, et souvent la
traduction littérale est impossible. Une tournure typique consiste à
développer un groupe nominal ou adjectival à l’aide de ke
, et à
reprendre ensuite ce groupe par un pronom :
kār-emān ke tamām šod manzel raftim
<travail-de-nous que fini fut, maison partîmes> « quand nous eûmes fini notre travail, nous rentrāmes à la maison » ;
nazdik ke ʕ
Ali āmad u rā šenāxtam
<proche que ʕAli vint lui /rā/ reconnus> « quand ʕAli s’approcha, je le reconnus ».
Plus proches des relatives du français, et toujours avec ke
:
in mard ke dust-e man ast šomā rā rāhnamā’i xwāhad kard
« cet homme qui est mon ami vous guidera (<vous /rā/ direction veut-faire>) ;
Ḥasan ʕamu’i dāšt ke do sāl bud zan-aš dar gożašte ast
<Ḥasan un oncle avait que deux ans étaient sa femme dans le passé est> « Ḥasan avait un oncle dont la femme était morte depuis deux ans ».
Dans la relative déterminative, elle aussi proche de la tournure
française, le relatif est toujours ke
et suit immédiatement
l’antécédent marqué par le suffixe -i
(seul rā
peut
s’intercaler) :
mardi ke diruz āmad in āst
« l’homme qui est venu hier est ici » ;
mardi rā ke diruz āmad mi-binam
« je vois l’homme qui est venu hier » ;
mardi ke diruz (u rā) didid in āst
« l’homme que vous avez vu hier est ici » ;
mardi ke be-u hedye dādid in āst
« l’homme à qui vous avez donné un cadeau est ici » ;
mardi rā ke be-u hedye dādid mi-binam
« je vois l’homme à qui vous avez donné un cadeau » ;
mardi rā ke pesar-aš be-Hend raft mi-binam
« je vois l’homme dont le fils est parti en Inde ».
28. Autres conjonctions de subordination
cun
« quand » s’emploie toujours sans ke
.
cun, zir, ce
et cerā
« parce que, puisque » s’emploient avec ou sans ke
.
tā
peut signifier :
- aussi loin que, aussi longtemps que, pour autant que ;
- dès que, d’ici à ce que ;
- jusqu’à ce que (en général + verbe négatif) ;
- pour (que), en sorte que / de (+ subjonctif) ;
- que, plutôt que, introduisant une subordonnée de comparaison :
bā-huštari tā yekcin kāri be-koni
« tu es trop sensible pour faire une telle action » ;
bahtar ast injā bemānim tā dar in havā birun ravim
« il vaut mieux que nous restions ici plutôt que de sortir par ce temps ».
29. La condition
Potentiel
Verbe subordonné au subjonctif présent (ou au prétérit si l’action est clairement antérieure à celle de la principale), verbe principal à l’indicatif présent ou futur :
agar ejāze be-dahid, ḥālā mi-ravam
« si vous me donniez la permission, je partirais tout de suite ».
Irréel
Les deux verbes sont à l’imparfait ou au plus-que-parfait :
agar zudtar mi-rasidi, u rā mi-didi
« si tu étais arrivé plus tôt, tu l’aurais vu » ;
agar dāniste budam, hargez qabul na-mi-kardam
« si j’avais su, je n’auraisjamais accepté ».
Après agarce
« même si, bien que », le verbe est à l’indicatif ou au
subjonctif selon le degré de réalité de l’action de la subordonnée.
30. « Commencer à »
Les verbes du genre « commencer à » sont suivis de be
+ infinitif
s’ils commandent un verbe sans complément, et d’une subordonnée au
subjonctif sans subordonnant si le verbe subordonné a un complément :
šoruʕ kard be davidan
« il se mit à courir » ;
šoruʕ kard dar rā rang konad
<commencement fit porterā
couleur qu’il donne> « il commença à peindre la porte ».
31. Formes et tours de la langue classique rencontrés dans les textes
Place de l’adjectif
L’adjectif épithète peut se trouver avant le nom :
širin mordan-e u
« son doux mourir » (Neẕāmi).
Prépositions
be
apparaît souvent, en classique, comme premier élément de
locution prépositive :
be sar bar
« sur la tête » (Ferdowsi).
ze
se rencontre au lieu de az
:
tā be buyat ze laḥad raqṣ konān bar xizam
« pour qu’à ton parfum je me lève du tombeau en dansant » (Ḥāfeẕ).
andar
est la forme ancienne de dar
:
āteš-e ʕešqast kandar ney fetād
« c’est le feu de l’amour, qui est dans la flûte » (Rumi).
Postposition rā
- son emploi comme marque du COD est moins rigoureux qu’en persan contemporain standard ;
- il indique souvent un complément d’attribution ou COI, au sens large :
jegar-gah-e malek rā mohr bar dāšt
litt. « elle enleva du (litt. ‘au’) cœur du roi le pansement » (Neẕāmi) ;
cašm-o guš rā ān nur nist
« l’oreille et l’œil ne savent le percevoir » (litt. « cette lumière n’est pas à l’œil ni à l’oreille ») [Rumi].
Suffixes personnels enclitiques
En poésie, la voyelle des formes du singulier (-am, at, -aš
) peut être
omise :
be rasm-e namāz āmadandiš piš
« ils venaient devant lui pour lui rendre hommage » (Ferdowsi)
La particule mi
/ hami
- La particule mi de la conjugaison en persan contemporain standard se
rencontre aussi sous la forme
hami
(qui en classique peut ne pas être juste avant le verbe) :
hami goft ke ku ku ku ku
« il disait : ‘où, où ? où, où ?’ » (ʕOmar Xayyām).
hami / mi
indique l’aspect duratif (durée ou continuité d’une action, permanence d’un état, réitération de l’un ou de l’autre), sans lien intrinsèque avec l’indicatif présent ou imparfait. Elle peut être préposée à tout verbe personnel (mêmedāštan
« avoir » etbudan
« être ») ainsi qu’à l’impersonnelbāyestan
:
dar sabze neṡin-o mey-e rowšan mi xwor
« assieds-toi dans la verdure et bois le vin clair » (ʕOmar Xayyām).
- Le présent peut se présenter sans
hami / mi
:
har dam az ru-ye to naqši zanad-am rāh-e xayāl
« à chaque instant, de ton visage une image coupe le cours de mes pensées » (Ḥāfeẕ)
Le préverbe be
- À la différence de
hami / mi
,be
est un préverbe et ne peut être cumulé avec un autre préverbe (mais il peut l’être, en classique, avec la négation). - Comme préverbe aspectuel, il s’oppose à
hami / mi
, et indique un aspect ponctuel. Il peut être préposé à un verbe personnel au présent ou au prétérit de l’indicatif, à l’impératif, à l’infinitif et au participe passé :
benešaste hami goft
« s’étant posé il disait » (ʕOmar Xayyām).
- En classique,
be
est fréquemment absent à l’impératif. - En poésie, la raison première de l’utilisation de be peut être prosodique. :
xiz-o balā benemā
« dresse-Toi et montre Ta taille » (Ḥāfeẕ).
- En poésie, quand ce préverbe s’ajoute à un verbe commençant par
p, b, d, f, n, r
oug
, la voyelle qui suit cette consonne peut disparaître. S’il s’agit d’uno
,be
devientbo
, ex.bobride
« coupé » pourbeboride
:
az neyestān tā marā bobride and
« depuis que l’on m’a coupé de la roselière » (Rumi)
Les autres préverbes
Leur emploi est fréquent en classique. En poésie notamment, ils se
trouvent souvent à distance du verbe. andar
est la forme ancienne de dar
:
ce māye bedu gowhar andar nešāxt
« quelle quantité de pierres précieuses il y incrusta ! » (Ferdowsi).
La négation ma
En classique, la négation de l’impératif est ma
:
kas rā iżā’ makon
« ne fais pas de mal à personne » (Nāṣer al-Din Ṯusi).
Le suffixe -i
En classique, un suffixe -i
peut être ajouté au présent et au prétérit
pour marquer, dans le passé, l’habitude d’une action ou la durée d’un
état. Il peut marquer aussi l’irréel dans le passé ou le présent, le
regret, le souhait, le déroulement d’un rêve. Il peut être cumulé avec mi
.
bar dargah-e u šahān nehādandi ru
« sur son seuil des rois posaient leur visage » (ʕOmar Xayyām).
dotā mi šodandi bar taxt-e u
« tous deux se tenaient devant son trône » (Ferdowsi).
budan
« être »
- La 3e pers. du sg. du prétérit peut se présenter sous une forme
abrégée
bod
, pour des raisons de prosodie :
pušidani now bod
« se vêtir était neuf » (Ferdowsi) ;
- la 3e pers. du sg. du présent peut se présenter sous la forme
bovad
(à partir d’une racine du présentbov
- utilisée parallèlement àbāš-
) :
hasti ke bovad żāt-e Xodāvandi ʕaziz
« l’Être qui est l’essence du Seigneur bien-aimé » (Jāmi).
Terminaison de la 3e pers. du sg. du prétérit
On rencontre parfois une terminaison en -ā
à la 3e pers.du sg. du
prétérit, notamment goftā
« il dit », pour introduire un discours.
Elle peut aussi ajouter une idée de souhait ou d’exhortation, ou se
présenter comme une licence poétique en fin d’hémistiche :
goftā « del-e xorram-e to kābin-e man ast »
« elle dit : ‘c’est ton cœur joyeux qui est ma douaire’ » (ʕOmar Xayyām).
Le parfait
Le parfait, notamment à la 3e pers. du sg., peut se rencontrer sous une forme contractée du type budast pour bude ast :
in kuze co man ʕāšeq-e zāri budast
« cette cruche comme moi a été un amant éperdu » (ʕOmar Xayyām).
Le précatif
Ancien subjonctif moyen-perse, il n’existe qu’à la 3e pers. du sg. du
présent, avec une désinence -ād
ajoutée à la racine du présent :
be āmorzeš rasād ān āšnā’i
« que cet amour accède au pardon ! » (Neẕāmi).
L’adjectif verbal à forme de gérondif et à sens de participe présent
est plus fréquent qu’en persan contemporain standard, où il fossilisé.
Il se forme en ajoutant -ān
à la racine du présent. Dans les textes
se rencontrent, par exemple, konān, nālān, ravān
et tābān
, participes présents
respectifs de kardan / kon-
« faire », nālidan, raftan / rav-
« aller » et tāftan / tāb-
« resplendir, illuminer ».
bāyestan
« falloir » peut commander non seulement la racine
du passé (ou infinitif apocopé), mais aussi l’infinitif, ou encore une
forme personnelle du passé ou du présent :
be jānān ān conin bāyad sepordan
« c’est ainsi que pour l’Être aimé il faut livrer sa vie » (Neẕāmi).
La formation Racine du présent + -ān
, qui sert à former le
gérondif, peut être utilisée en classique comme adjectif verbal :
tābān
« lumineux »
32. Note sur la métrique
Dès les panégyriques des premiers poètes d’expression persane, le
distique persan se coule dans le moule du mètre quantitatif arabe : une
succession de pieds consistant chacun en un assemblage identique de
syllabes brèves et de syllabes longues. En prosodie persane, on
considère comme brève une syllabe à voyelle brève (a
, e
, o
) non
entravée, comme la première syllabe du mot soxan
« parole », et comme
longue une syllabe à voyelle longue (ā
, i
, u
) ou à diphtongue
(ey
, ow
), comme la première syllabe de šāʕer
« poète », ainsi
qu’une syllabe à voyelle brève entravée, comme la deuxième syllabe du
même mot. Une syllabe à voyelle longue entravée par une ou deux
consonnes (sauf par n
seul) ou à voyelle brève suivie de deux
consonnes est surlongue et peut valoir une syllabe longue suivie d’une
brève, sauf en finale de vers où elle vaut une simple syllabe longue.
Ainsi, dans le prologue du Šâhnâme
, la première syllabe de
āftāb
« soleil » et l’unique syllabe de goft
« dit » dans goft
k[e]
« dit que » sont surlongues. Il y a bien des possibilités de
licence poétique, mais elles sont rares. Il y aussi des cas
d’indétermination : l’eẓāfe, ce -e
placé entre le nom et son
déterminant adjectival ou nominal (grammaire § 4), peut par exemple
être compté comme une voyelle brève ou comme une voyelle longue.
Parmi les grands textes de la littérature persane, le Šāhnāme
est écrit dans
l’une des variantes du mètre motaqāreb
( ̆ ˉ ˉ | ̆ ˉ ˉ | ̆ ˉ ˉ | ̆ ˉ),
Xosrau va Širin
de Neẕāmi dans une variété de mètre hazaj
( ̆ ˉ ˉ
ˉ | ̆ ˉ ˉ ˉ | ̆ ˉ ˉ ) et le maṡnavi
de Rumi, tout comme le Manṯeq
al-ṯeyr de ʕ
Aṯṯār
, dans une variété de mètre ramal
( ˉ ̆ ˉ ˉ | ˉ ̆
ˉ ˉ | ˉ ̆ ˉ ).